Patrick Romango est un acteur, comédien et producteur francophone vivant à Toronto. Ayant grandi en banlieue parisienne, il est formé en France et travaille principalement à la télévision là-bas avant de venir s’installer à Toronto en 2010. Connu dans le milieu francophone pour ses interprétations théâtrales, notamment son rôle dans L’emmerdeur de Francis Veber au Théâtre français de Toronto. On peut aussi le voir sur les ondes de TFO dans l’émission pour les jeunes Au défi! et dans Les meilleurs moments. Mais Romango mène aussi une carrière dans les séries américaines. On a pu le voir récemment 12 Monkeys, Covert Affairs et The Beauty and The Beast. Avec tout ce qu’il fait, il faut bien reconnaître que Patrick Romango est un artiste qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. Quand J’avais pris contact avec lui, il était en voyage à l’étranger et j’attendais son retour avec impatience pour lui demander surtout qui il était.
« Je dirai que je suis un caméléon qui porte souvent la casquette d’acteur, producteur, formateur et celle de père de famille aussi » affirme celui qui multiplie les projets. Mais encore? « Je suis plus un acteur que comédien, le théâtre ne me fascine pas plus que ça. »
Au fil de la conversation, nous avons abordé la question du quotidien d’un acteur noir: est-ce un frein, ou plutôt une valeur ajoutée? « Le fait d’être un acteur noir est un frein dans le milieu francophone et une valeur ajoutée dans le milieu anglophone » affirme sans ambages Romango. Il ajoute: « Venant de Paris, je ne vois pas vraiment de grande différence dans le paysage audiovisuel canadien francophone qui manque sérieusement de diversité alors que du côté anglophone, être noir devient un plus et me permet d’accéder à des rôles que les francophones ne me donneraient pas. » Par contre, même dans un contexte où le fait d’être un acteur peut représenter un plus, il ne faut pas s’imaginer que tout est rose. On s’en rend compte lorsqu’on aborde la question des sujets ou des angles que l’acteur préfère dans les propositions qui lui sont soumises: « Malheureusement quand on est un acteur noir, on n’a pas trop le choix, on est déjà bien content que quelqu’un pense à vous et vous fasse des propositions. »
Peut-être que pour contourner ce frein et jouer dans sa langue, l’acteur pourrait passer derrière la caméra, que ce soit comme réalisateur ou comme scénariste? Il se montre ouvert à cette possibilité: « Je passerai derrière la caméra un jour ou l’autre, j’aime bien donner ma vision des choses aussi. Par contre, jouer dans un film que j’aurai écrit, je n’aime pas trop cette idée! » En effet, Patrick ajoute qu’il se considère comme un acteur généreux et que de passer derrière la caméra serait plutôt une occasion de partager avec les autres.
Chose certaine, on n’a pas fini de voir ni d’entendre cet acteur : « En tant qu’acteur je cours toujours de casting en casting dans le but de décrocher le Graal. » Mais ce n’est pas tout, puisqu’en tant que producteur, Patrick Romango se joint chaque année depuis cinq ans à l’organisme Oasis Centre des femmes pour la production des Monologues du Vagin dans le cadre de la Journée internationale de la femme.
Un portrait signé Aristote Kavungu